فدرالية الوكالات الحضرية بالمغرب

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FEDERATION DES AGENCES URBAINES DU MAROC

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évènements

Mise en place d’une démarche de programmation dans le cadre de l’aménagement urbain et de la construction d’équipements publics

16/9/2011

1. Contexte :

Composantes majeures du paysage urbanistique des villes marocaines, les  Agences urbaines jouent, depuis une vingtaine d’années, un rôle particulièrement important dans l’encadrement de « l’urbanisation galopante » des grandes agglomérations. Les différentes missions qu’elles assurent nécessitent de plus en plus de compétences, une bonne maîtrise du « processus » de fabrication de la ville, dans toutes ses dimensions, à toutes les échelles et cela, pour toutes les composantes de la ville, depuis l’échelle du logement, l’édification d’équipements publics, jusqu’à l’aménagement des espaces publics qui irriguent et structurent la ville.

Tout règlement, tout schéma d’aménagement, tout projet d’équipements publics participent au cadre de vie des habitants de la cité ou du territoire concerné, à leur satisfaction de disposer de lieux adaptés à leur destination, à leur vocation. Chaque tracé, chaque choix, chaque option prises par les maîtres d’œuvres quels qu’ils soient, par les aménageurs, par les promoteurs,… deviennent des composantes du paysage urbain, pour chacun, toutes générations confondues, et pour des décennies.

Face aux difficultés rencontrées par les acteurs au sein des Agences urbaines, de plus en plus « cantonnés » dans l’exercice de la vérification réglementaire des projets qui leurs sont soumis, compte tenu de certains retours d’expériences peu satisfaisants, à l’heure où l’opportunité foncière et l’exigence d’une réponse « dans une immédiateté » prévalent trop souvent sur « une vision à long terme », la Fédération des Agences Urbaines - MAJAL - a souhaité engager une réflexion sur la méthode, sur le « processus » de programmation, et donner la parole aux acteurs que sont les professionnels de l’urbanisme des Agences, pour débattre des différentes questions auxquelles ils sont confrontés quotidiennement et tenter d’amorcer de nouvelles perspectives.

Les 16 et 17 septembre derniers, la Fédération a invité les Directeurs, Cadres, techniciens  des Agences Urbaines et des responsables et cadres des entités de la Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du Territoire à participer à un séminaire organisé autour de « La programmation urbaine ». De nombreuses questions ont été abordées par les intervenants comme par les participants lors de présentations, d’études de cas développés en ateliers, ou de temps de débats et table ronde. Les débats se sont développés, tant sur la méthodologie et les outils, que sur le mode de construction et de gouvernance des projets, de ses acteurs, que sur la question du montage des opérations, sans oublier le volet réglementaire dont la grille des normes urbaines constitue le seul outil normatif en vigueur, proposant un calibrage standard et maintenant ancien des équipements publics, au regard de l’importance des projets d’aménagement.

2. Enjeux du séminaire :

Il s’agissait, dans le cadre de cette session :

  • En premier lieu, d’étudier, dans le contexte existant, comment  engager une démarche de programmation mais aussi d’inviter les participants à divers questionnements sur les pratiques actuelles et d’apporter quelques éléments de réponse et de méthode remettant l’usage, les citadins d’aujourd’hui, au centre de la réflexion, mais aussi de présenter un autre angle de vue sur la question du « comment appréhender la question de l’aménagement urbain».

  • En second lieu, d’identifier les questions et les difficultés rencontrées par les participants, sur le terrain, pour pouvoir engager par la suite, le débat sur la mise en place de temps de formation, d’assistance, d’outils divers, pour viser une amélioration de la qualité dans la fabrication de la ville et de son bâti.

Il s’agissait aussi de :

  • Sensibiliser les participants aux atouts qu’offre l’engagement dans un processus de programmation urbaine et dans un système de management et d’accompagnement de projets,

  • Identifier les raisons qui expliquent le « pourquoi » de certaines productions urbaines, peu qualitatives, et en quoi l’organisation du management et le jeu des acteurs de l’aménagement et de la construction l’expliquent,

  • Décliner le processus de programmation et l’assistance programmatique au maître d’ouvrage, à chaque étape du processus du projet, à chaque échelle des composantes de la ville,

  • Créer un lieu d’échanges et de débat notamment sur le mode opératoire à mettre en place dans toute situation de projet, quel que soit le contexte,

  • Repérer les failles dans l’organisation du processus de planification urbaine, de la « construction » de la ville, de ses espaces et des équipements publics qui lui donnent sens et vie,

  • Identifier les difficultés et contraintes récurrentes auxquelles les cadres et techniciens des Agences urbaines sont confrontés sur leur territoire, dans le cadre des différents types d’études effectuées,

  • Faire émerger les contraintes institutionnelles, juridiques et financières qui cadrent et freinent toute démarche de programmation et s’opposent à la mise en place d’études préalables.

3. Les principales thématiques abordées durant le séminaire :

  • Le rapport entre la planification et la programmation :

La planification résulte des choix des décideurs locaux en matière de développement de l’agglomération et de droit des sols. Le Plan d’Aménagement qui en résulte fixe les règles de constructibilité des sols. La programmation s’inscrit dans un processus opérationnel qui fait référence à l’urbanisme opérationnel. On effectue la programmation d’une opération de construction ou d’aménagement dès lors qu’un maître d’ouvrage, aménageur ou constructeur, est pressenti pour la réaliser,

  • Le rapport entre la programmation et les coûts et financements :

La programmation d’une opération tient compte d’un ensemble de paramètres (contexte, marché, qualité des terrains, environnement, etc.), dont les coûts. Programmer une opération sans savoir combien elle va coûter et comment elle sera financée n’a pas de sens. Si ces questions sont exclues de la programmation, celle-ci risque de conduire à un « beau dessin »,

  • La programmation ne peut être le résultat, simple et idéal, des besoins constatés, ou des souhaits, au risque de « produire du rêve ». La programmation est un processus qui prend appui sur la réalité avec ses limites. C’est justement dans les limites que la programmation sera la plus pertinente. Comment, en effet, répondre au mieux à la question posée, en fonction des moyens dont on dispose. Le temps de la programmation, est aussi le moment primordial des arbitrages,
  • La programmation et le projet : la programmation est le temps que le maître d’ouvrage consacre à déterminer les enjeux, les objectifs de son opération, pour aboutir à un ensemble d’exigences et de souhaits, qu’il traduit dans sa commande (le programme) au maître d’œuvre. C’est ensuite, dans un second temps, au maître d’œuvre de mettre en forme ces exigences et attentes et de révéler, par son talent, le programme à travers la réponse architecturale,
  • La question de la charge foncière dans les opérations d’aménagement a fait l’objet d’interrogations qu’il serait nécessaire d’approfondir car là se trouve un des éléments clés du processus de production d’un ouvrage de bâtiment ou d’infrastructure.

Bon nombre d’autres questions ont été abordées durant ces deux journées :

  • Dans le contexte actuel, où la pénurie de foncier public se fait cruellement sentir et où l’opérationnel se trouve entre les mains des aménageurs et promoteurs privés, comment peut on donner une véritable place à  la programmation architecturale et urbaine ?

  • Comment procéder pour engager une démarche de programmation et comment faire passer le message de l’importance de cette démarche qui impose de « prendre du temps » en amont du dessin ?

  • Comment réunir tous les « ingrédients » requis pour mener une démarche de programmation sur de bons fondements ?

  • Quels outils pourraient être élaborés, en accompagnement de la grille normative pour accompagner les professionnels des Agences urbaines dans leur mission ?

4. Quelques enseignements à tirer des interventions, ateliers et débats :

Le programme outil complémentaire aux outils réglementaires :

Les outils réglementaires issus d’une planification urbaine se distinguent du programme qui va s’élaborer à l’occasion d’un projet d’aménagement particulier. La phase de programmation va permettre, outre l’expression de ce que le maître d’ouvrage attend, de vérifier préalablement par un diagnostic contextuel exhaustif, la pertinence et la faisabilité de l’opération tant d’un point de vue « technique » que « financier ». Dans cette approche, les règlements d’urbanisme constituent une base à cette analyse préalable. C’est cependant à cette étape et au regard de l’analyse fine du contexte particulier du projet d’aménagement, que les règlements d’urbanisme peuvent parfois être réinterrogés afin de servir le projet dans un objectif d’intérêt public et partagé par la gouvernance du projet.

L’impact du développement durable dans l’aménagement urbain :

Au-delà d’une nécessaire prise en compte de l’impact environnemental du développement urbain qui passe par la maîtrise de l’étalement urbain, une protection accrue des espaces naturels, une pratique systématisée de l’éco construction, etc…, le processus de production de l’urbain se trouve également modifié, évoluant sur un management participatif basé sur une plus grande communication, le renforcement du rôle moteur que doit tenir la maîtrise d’ouvrage pour gérer des projets visant une grande qualité urbaine, sociale, d’usage, environnementale et économique. Ce processus de management d’opération introduit la notion de suivi régulier de la qualité de l’opération au regard du programme qui l’a défini au travers de temps d’évaluation.

De la nécessité d’intégrer la question du déplacement dans la réflexion :

La question du transport, des modes de déplacement de la population, des flux logistiques, toujours croissants, se trouve actuellement délaissée, notamment pour des raisons économiques et de raisonnement à court terme, ce qui conduit à l’étalement urbain et donc à alourdir le temps et le « budget transport » des familles, quand il ne conduit pas à une forme d’isolement, pour les habitants des quartiers les plus éloignés et non desservis par des transports en commun.

5. Conclusions et perspectives :

De nombreuses interrogations demeurent, invitant à poursuivre ces échanges et à mettre en place des actions concrètes, à s’engager dans l’élaboration de nouveaux outils :

  • Comment faire évoluer les processus d’élaboration des documents d’urbanisme pour qu’ils deviennent des outils support au développement urbain offrant fiabilité, faisabilité et évolutivité.
  • Comment les Agences urbaines peuvent elles être « moteur », être les « manageurs » dans la mise en place de nouveaux jeux d’acteurs, réunissant les élus, les techniciens des collectivités locales, les aménageurs, urbanistes, maîtres d’œuvre, usagers…
  • Comment « contre balancer » et se positionner face au lobby des promoteurs privés qui « gouvernent » le développement urbain ?
  • Comment aborder un nouveau tournant pour les Agences urbaines, qui réunit les véritables professionnels de l’urbanisme, élargir leur champ de compétences et redéfinir leurs missions et leurs moyens, en alliant urbanisme réglementaire et urbanisme opérationnel ?
  • Un ou des ateliers « en vraie grandeur », à monter, sur la base de projets concrets, pourraient constituer une première expérience de concertation pour poser toutes les questions et tenter d’engager du changement dans les pratiques de fabrication de la ville.

  • La mise au point d’outils programmatiques qui mettraient l’accent sur le volet méthodologique, sur le volet qualitatif,… au-delà du seul volet normatif (avec les limites qu’il présente) pourrait également constituer une piste à développer. Il ne s’agirait pas seulement de quantifier mais d’abord de qualifier.