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FEDERATION DES AGENCES URBAINES DU MAROC

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Le système urbain : les acquis, les contraintes et les défis à relever pour un urbanisme renouvelé

1/12/2014

1 - THEMATIQUE GENERALE ET ELEMENTS DE CADRAGE

La pratique urbanistique au Maroc est riche en enseignements. Elle reste intimement liée à une tradition urbaine séculaire, tout en se renouvelant progressivement. Le tissu historique d’une trentaine de médina d’une grande valeur patrimoniale, s’est enrichi d’une armature urbaine moderne et hiérarchisée. L’arsenal juridique et les institutions d’encadrement ne cessent de se développer, et de se réadapter.

En effet, d’un taux d’urbanisation d’à peine 8%, le Maroc est passé à 55% en 2004. En un siècle, la population urbaine au Maroc est passée de 440.000 habitants en 1912 à 18 millions en 2012. Cette évolution prend l’allure d’une tendance irréversible, et il est prévu que le taux d’urbanisation atteindrait 70% en 2025.

Cette évolution n’est pas sans impact sur l’armature fonctionnelle du système urbain marocain, puisque les villes ont connu et connaitront, sans doute, des changements au niveau de leurs configurations socio-spatiales et se verront de plus en plus confrontées à des problèmes d’ordre spatial, social et environnemental. Face à ces défis il y a lieu de penser à renouveler les approches et à mobiliser le foncier et les budgets nécessaires quant à la réalisation des infrastructures et équipements toutes catégories confondues. De ce fait, le système urbain sous ses différentes composantes (structures, outils et approches) doit être sans cesse interpelé, en vue d’une réadaptation continue aux exigences de chaque conjoncture. Dans ce sens, il se doit d’être en mesure d’éviter la standardisation stérilisante des villes, les retombées négatives de l’emboîtement de territoires d’échelles différentes et des diversités caractérisant la vie urbaine.

L’enjeu véritable en matière d’urbanisme est de concilier les aspects technique, politique, économique, social, environnemental et culturel de la vie urbaine.  Ce pari de dimension multiple ne peut être gagné que par le biais d’actes opérationnels et contractuels inscrits dans une pratique renouvelée, à défaut d’être dépassée.

Ce séminaire de réflexion sur le système urbain constitue une occasion pour interpeller les différentes approches et modèles urbains en vue de repenser l’urbanisme tel qu’il est pratiqué jusqu’à aujourd’hui. C’est là que réside toute la difficulté, car la ville ne peut être éternellement appréhendée à travers un prisme unique. Seule la confrontation de regards variés, appartenant à des champs professionnels et disciplinaires différents, est à même de permettre de repenser l’urbain dans sa globalité et de façon aussi renouvelante que novatrice.

Le système urbain : des acquis non négligeables

Evoquer le système urbain au Maroc revient à remonter l’histoire. Il y a déjà un siècle depuis la promulgation en 1914 de la première loi fondatrice de l’urbanisme ; C’est en effet, un siècle d’évolutions institutionnelles, juridiques et de pratiques urbaines qui doit être revisité. 4 Note de cadrage Fédération des Agences urbaines, Sept. 2014 5 Durant tout le 20ème siècle, la construction du système urbain s’est faite d’une façon progressive et à chaque fois, les pouvoirs publics ont injecté des réformes et programmes d’actions qui concourent à corriger durablement les dysfonctions qui affectent les agglomérations et les adaptations dictées par les dynamiques des territoires et les évolutions des conjonctures politiques, économiques et sociales.

En effet, un paysage institutionnel dédié (agences urbaines, Inspections régionales), un arsenal juridique de plus en plus affiné, une expertise confirmée, une gouvernance et des stratégies renouvelées, des moyens financiers en nette évolution, la recherche d’une voie de passage des politiques de rattrapage à une stratégie de promotion du développement urbain durable, une charte de développement durable, un Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT). . . sont autant d’acquis qui caractérisent le système urbain marocain. Dans ce sens, le système urbain marocain se doit d’accompagner les réformes en cours et de contribuer à la réussite des grands projets lancés par le pays.

Le système urbain : des défis à relever

Tous les efforts consentis tout au long de ces dernières décennies n’ont pas suffi à enrayer la déficience urbaine, les dérapages de l’urbanisation, les différentes formes d’exclusion et de ségrégation spatiale et sociale, et par voie de conséquence les acquis dudit système urbain se retrouvent aujourd’hui mis à rude épreuve.

De ce fait, l’étalement urbain, l’habitat insalubre, l’hybridation soutenue de l’architecture, l’appropriation de l’espace public, l’aggravation des défis patrimoniaux, l’insouciance environnementale, la pauvreté urbaine, etc. constituent les défis les plus saillants à relever.

Face à tous ces défis, la législation en vigueur, en matière d’urbanisme, ne cesse de démontrer ses limites à maîtriser une évolution à vitesse plurielle, et partant à répondre aux évolutions sociales, économiques et spatiales en cours.

Il est ainsi temps que le pays soit doté d’un système urbain, non seulement performant sur le plan territorial, économique et social, mais également à la hauteur des aspirations portées par les efforts de changement. Et c’est là où réside le défi majeur à relever.

Pour un système urbain renouvelé et plus performant

Il parait aujourd’hui capital que de nouvelles perspectives soient dessinées pour une politique publique urbaine prenant prioritairement en compte les évolutions institutionnelles et sociétales qu’a connues le Maroc, et ce pour mieux garantir à notre société urbaine un urbanisme solidaire et inclusif.

D’autant plus que, le choix du thème de ce séminaire conforte la vision des réformes entreprises par les pouvoirs publics, dont notamment :

Le nouveau mode de gouvernance. SM le Roi Mohammed VI a inauguré son règne en prônant un nouveau mode d’exercice de l’autorité, une nouvelle conception de l’autorité, et un nouveau principe de l’exercice du pouvoir 6 Note de cadrage Fédération des Agences urbaines, Sept. 2014 7 Principe qu’il n’a cessé de rappeler et de mettre au centre des directives données aux responsables à tous les échelons. Ce principe vise à consacrer un Etat de droit et une démocratie visant à réformer les logiques de l’action publique. Ce qui doit se concrétiser par l’accélération de la mise à la norme de l’administration et ses interventions. Dans ce sens, ce changement doit se traduire par l’amélioration de la gouvernance urbaine, le rehaussement de la rentabilité des interventions publiques, la requalification de la politique urbaine, et l’accroissement du rendement de la planification urbaine.

• La nouvelle Constitution de 2011 (La constitution du Maroc 2011 : Articles 12, 13, 31, 136 et 142) est porteuse de grands principes qui fondent l’urbanisme de demain notamment la participation à la co-construction des politiques publiques, le développement durable, le droit au logement décent, la justice sociale, la réduction des disparités spatiales.

Elle constitue ainsi, une ouverture du pays sur le changement et un véritable changement par ses apports.

• Le Maroc des grands chantiers. Tout au long des trois dernières décennies, le Maroc a ouvert un grand nombre de chantiers qui ont engendré des changements, dans tous les domaines. Ainsi, l’effet de boule de neige de ces changements se traduit par le déclenchement d’un grand nombre de dynamiques exigeant une réadaptation continue des structures et des modes de fonctionnement du pays, notamment en matière d’intégration internationale du Maroc, de grands programmes gouvernementaux (Plan Maroc Vert, Plan Emergence, Vision 2020 du tourisme, Plan Rawaj, Stratégie Halieutis, Stratégie Nationale de la Compétitivité Logistique, Stratégie Maroc Numérique, programme VSB, programme des Nouvelles Villes, etc.).

A tous ces projets s’ajoutent d’autres réalisations dans divers domaines et qui ne sont pas des moindres. C’est le cas des programmes de développement des infrastructures routières et autoroutières, portuaires et aéroportuaires, des barrages, des équipements socioculturels, de l’électrification, de l’adduction de l’eau potable . . . dont profitent en premier lieu les agglomérations urbaines.

• Le projet de régionalisation avancée qui vise à donner de nouvelles dimensions à l’instance régionale, dans la gestion des affaires du pays ainsi que dans le développement socioéconomique, à travers une forte implication dans la planification et la mise en œuvre des projets urbains ayant un impact direct sur la population.

• Le SNAT de 2004 qui vise à restructurer le territoire national sur des bases solides et durables. Ce document porteur d’une nouvelle vision de l’organisation et du développement du phénomène urbain, se positionne comme une référence globale pour le développement du paysage urbain dans sa globalité.

• L’accompagnement de la politique gouvernementale, résolument axée sur l’encadrement des systèmes urbains sous pression urbanistique, et l’intérêt accordé par les pouvoirs publics à des problématiques urbaines longtemps restées à l’écart du fait urbain (mobilité urbaine, mixité urbaine, renouvellement urbain, urbanisme durable, compétitivité territoriale, équité territoriale, etc.).

• Les méga projets urbains. Les grands projets dans le milieu urbain ont acquis un poids grandissant, dans le développement urbain ainsi qu’en matière de repositionnement des villes, notamment les grandes, à l’échelle nationale et internationale. Dans ce sens, certaines grandes villes ont attiré de grands projets de dimensions nationale voire même internationale. C’est le cas de :

- La nouvelle ville de Zenata, le Technopole de Nouaceur, l’avenue royale, Casa-city-Center, le Pôle urbain Casa-Anfa, la ville de Rahma, le Tramway. . . à Casablanca ;

- Technopolis, la Vallée du Bouregreg, la nouvelle ville de Tamesna, le Tramway, la Corniche. . . à Rabat ;

- Le complexe Tanger-Med, la nouvelle ville de Chrafat, la zone franche de l’aéroport, le TGV. . . à Tanger ;

- Les deux villes nouvelles de Tamansourt et Chouitter, les Malls commerciaux, le palais des congrès, la nouvelle gare ferroviaire. . . à Marrakech ;

- Halieupolis, la station touristique de Taghazout, la ville nouvelle de Tagadirt, le renouvellement du centre-ville d’Agadir, la liaison autoroutière . . . à Agadir ;

Ainsi, l’urbanisation confirme sa vocation de catalyseur du développement économique, et de facteur de restructuration territoriale, en rapport avec la hiérarchisation des pôles urbains qu’introduisent les grands projets de dimension nationale.

Pour ce, ce séminaire se veut une occasion de mise au point, à propos des pistes de renouvellement d’un système urbain qui a accumulé, à la fois, des acquis qui ne sont pas des moindres, et des difficultés qui exigent une réflexion approfondie et une vision d’avenir plus claire et plus pertinente.

C’est dans ce contexte, et en vue d’approfondir la réflexion sur le système urbain, que la Fédération MAJAL propose ce cadrage des questions soumises au débat, dans le cadre de ce séminaire thématique commémoratif de l’urbanisme au Maroc : Sous le thème : « Le système urbain : les acquis, les contraintes et les défis à relever pour un urbanisme renouvelé »

L’objectif cardinal est à la fois d’interpeller le système urbain sur ses limites et ses contraintes, et de chercher des réponses pertinentes et pratiques capables à même de mettre en place les conditions nécessaires à l’émergence, en cette deuxième décennie du XXI siècle, d’un urbanisme durable sur le plan territorial et viable sur le plan socio-économique. 

2 – LES AXES DE REFLEXION

Ce séminaire commémoratif du centenaire de l’urbanisme moderne, au Maroc, est adossé à une question centrale : Quel type de développement urbain souhaitons-nous pour les années à venir ? Et s’articule autour des axes suivants,

2.1 S’arrêter sur les contextes institutionnels de la genèse du système urbain depuis l’adoption de la première loi fondatrice de l’urbanisme moderne

Dans un exercice de rétrospective, cet axe vise à mettre en évidence les principales phases de l’évolution du système urbain marocain.

Il s’agit, essentiellement de s’arrêter sur les différents contextes politiques de la genèse du système urbain, prendre conscience de la spécificité dudit système, et mesurer le temps long qu’a exigé sa consolidation. Et ce en revenant sur les lois fondatrices de l’urbanisme, les évolutions institutionnelles et les grandes réformes adoptées.

Pour ce, les interventions envisagées et le débat qu’elles sont censées susciter sont attendus pour mettre le point sur :

• Comment s’est construit le système urbain, depuis l’adoption de la première loi fondatrice de l’urbanisme en 1914 ? Et quels sont les moments forts de ce parcours ?

• Quels sont les facteurs qui ont affecté les différentes étapes du processus urbain ? Et quelles sont les mutations structurantes qui ont caractérisé ce processus ?

• D’un urbanisme régalien à un urbanisme d’intermédiation, quelle place pour l’urbanisme de proximité ?

2.2 Elucider les grands acquis en termes d’encadrement urbanistique aussi bien sur le plan juridique, institutionnel qu’opérationnel

• Quels sont les grands acquis du système urbain ? Et peut-on parler d’une capitalisation à même de sous-tendre un processus de planification stratégique et d’une gestion urbaine performante?

• L’expertise des institutions en charge de l’urbanisme, à l’échelle locale et régionale est-elle en mesure de permettre l’amorce d’une politique coordonnée de l’urbanisation et de répondre efficacement aux différentes attentes incombant à l’urbanisme ?

• L’effort entrepris, en matière de refonte des fondements de l’urbanisme, est-il suffisant pour réussir les différents programmes étatiques mis en chantier, et d’induire les retombées nécessaires à la mise en place des mécanismes d’intervention à l’échelle locale, tel le partenariat public-privé ?

2.3 Mettre l’accent sur les contraintes et défis à relever par le système urbain pour mieux appréhender l’urbanisme de demain

Cet axe se propose de dresser un tableau des différents défis à relever et des contraintes à neutraliser par le système urbain pour mieux appréhender l’urbanisme de demain. Et par conséquent, des réponses pertinentes doivent être soumises au débat sur les conditions de refonte du système urbain aussi bien sur les plans institutionnels, juridiques qu’opérationnels.

Les questionnements suivants aident à aller dans ce sens :

• Quelles sont les contraintes d’ordre institutionnel, spatial et social à relever par le système urbain ?

• Quelles sont les réformes à introduire sur le plan technique, financier et humain (expertises) pour l’émergence d’un urbanisme de demain, à même d’engendrer des dynamiques et une compétitivité des territoires permanentes et renouvelées ?

• Quelles nouvelles organisations et missions des institutions en charge de l’urbanisme à mettre en place, pour l’accroissement des performances de la gouvernance urbaine, le renforcement des capacités des acteurs et décideurs de la planification, et le dépassement des formes de communication traditionnelles ?

3 - ASPECTS ORGANISATIONNELS DU SEMINAIRE

Animé par des experts nationaux et internationaux, ce séminaire porté par la Fédération MAJAL en partenariat avec le Ministère de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire, sera organisé en trois temps :

3.1 Session introductive

Elle s’articule autour d’une intervention introductive, sous forme de conférence de cadrage général théorique et conceptuel sur les moments forts qui ont marqué l’urbanisme depuis la promulgation en 1914 de la première loi fondatrice de l’urbanisme moderne au Maroc.

3.2 Session plénière

Il s’agit d’une séance comportant trois interventions qui rendent compte des trois axes retracés par le présent argumentaire, à savoir les acquis du système urbain, les contraintes à relever et les moyens à mobiliser pour mieux appréhender l’urbanisme de demain.

3.3 Session de clôture

Ce 3ème temps du séminaire constituera une occasion de faire la synthèse des principaux points débattus, assortie des recommandations dégagées par le débat.

Pièces jointes